Fondement biologique du Hêtre de la Bienveillance, dans la Forêt

 

"La bienveillance n’est pas d’abord une intention morale : elle devient possible lorsque le vivant est nourri, régulé et sécurisé dans son corps, son environnement et ses relations."

La bienveillance n’est pas seulement une intention ou un choix moral : elle est en premier lieu une capacité biologique, profondément ancrée dans le fonctionnement du vivant. Elle émerge lorsque le corps et le système nerveux sont suffisamment régulés et sécurisés pour accueillir l’autre et le monde. C'est le fondement premier du Hêtre de la Bienveillance, dans la Forêt, correspondant aux racines du hêtre.

Cette page explore les conditions biologiques qui rendent la bienveillance possible, depuis les gènes jusqu’aux interactions sociales et environnementales, en passant par le métabolisme, l’axe intestin-cerveau et les rythmes de vie.

Elle montre également comment ces conditions peuvent être soutenues, régulées et cultivées pour déployer la bienveillance de manière durable.

Gènes, environnement et épigénétique : le potentiel biologique modulable

Le potentiel biologique de bienveillance est façonné par une interaction subtile entre :

  • gènes
  • environnement,
  • et épigénétique
Les gènes dont nous héritons confèrent une prédisposition (tempérament) : certaines variations naturelles influencent l’empathie, la régulation émotionnelle, la curiosité, la patience et la coopération. Inversement, certains peuvent être défavorables en fonction notamment d'un vécu traumatique.

En effet, ces prédispositions sont toujours modulées par l’environnement : l’histoire personnelle, la culture, le climat familial, le contexte professionnel et la qualité des relations influencent profondément la manière dont ce potentiel se manifeste. Un individu avec une prédisposition "défavorable" peut développer une grande résilience dans un environnement sécurisant (Cocon), tandis qu'un individu "favorable" peut voir sa régulation altérée par des expériences toxiques.

L’épigénétique traduit ces expériences en ajustements durables de l’expression génétique. Les expériences modifient l'expression de nos gènes sans changer leur séquence. Ainsi, notre capacité à être bienveillant n’est jamais déterminée par nos gènes seuls : elle est constamment façonnée par notre vécu et notre environnement.

"Il n'y a pas de gène(s) de la bienveillance. Cependant, certains constituent un terrain, ET c'est l’environnement et les expériences quotidiennes qui modèlent l’expression effective de la bienveillance."


Structures cérébrales et neuroplasticité

La bienveillance mobilise des réseaux cérébraux complexes et intégrés. Les structures responsables de la régulation et de la sécurité — notamment le tronc cérébral et l’amygdale — déterminent si le corps et le cerveau sont en état d’ouverture ou de vigilance. 

Les régions impliquées dans l’empathie et la perception d’autrui, comme l’insula et le cortex cingulaire, permettent de ressentir et comprendre les émotions d’autrui. 

Enfin, le cortex préfrontal soutient le discernement, la régulation consciente et la prise de décisions équilibrées.

La neuroplasticité assure que ces circuits peuvent se renforcer et s’adapter tout au long de la vie, jusqu'au dernier jour. Les expériences répétées de sécurité, de coopération et de régulation soutiennent le développement de réseaux neuronaux favorables à la bienveillance, tandis que les expériences stressantes ou traumatiques, ainsi que l'épuisement (dont l'épuisement professionnel appelé "burnout") peuvent temporairement ou durablement les déséquilibrer.

La bienveillance est une compétence qui s'entraîne. Elle est un chemin humble de renforcement continu, car chaque "erreur" analysée est une opportunité pour recâbler le cerveau vers plus de résilience et de connexion.

Neurones miroirs

Les neurones miroirs permettent de comprendre et de ressentir les émotions et intentions d’autrui, favorisant l’empathie et la résonance émotionnelle. Ils constituent un mécanisme biologique par lequel nous pouvons percevoir et répondre aux états émotionnels des autres.

Neurotransmetteurs

Les neurotransmetteurs jouent un rôle clé dans la disponibilité à la bienveillance :

  • Ocytocine : renforce la confiance et le lien social, facilite la coopération
  • Dopamine : soutient la motivation, la curiosité et l’exploration
  • Sérotonine : contribue à la régulation émotionnelle et à la patience
  • GABA : favorise l’apaisement et l’inhibition des réactions de stress excessives
  • Cortisol : utile pour la vigilance adaptative, mais nocif s’il est chronique ou excessif

Ces substances biologiques illustrent que la capacité à être bienveillant n’est pas abstraite : elle est ancrée dans le corps et modulée par son état physiologique et émotionnel.

Métabolisme et énergie disponible

La bienveillance est une capacité qui consomme de l’énergie. Rester attentif, réguler ses émotions, coopérer et agir de manière juste demande un métabolisme fonctionnel. 

Un métabolisme équilibré, soutenu par une alimentation adaptée, un sommeil régulier, de l’activité physique et le respect des rythmes biologiques, fournit l’énergie nécessaire pour soutenir les fonctions cognitives et émotionnelles impliquées dans la bienveillance. 

À l’inverse, un métabolisme déséquilibré ou sous stress chronique contribue à la fermeture du système nerveux, rendant l’expression de la bienveillance difficile, même lorsque l’intention est présente.

Axe intestin-cerveau

Le microbiote intestinal constitue un partenaire clé de la régulation émotionnelle et du fonctionnement du système nerveux autonome. Il participe à la production de neurotransmetteurs et d’acides aminés essentiels à la joie, à la curiosité, à la patience et à la régulation de l’humeur. Une alimentation variée, riche en fibres, micronutriments et aliments fermentés, soutient cet axe et favorise un état de sécurité corporelle et intérieure propice à la bienveillance.

3R-SABA : nourrir les racines biologiques

Pour soutenir ces mécanismes, mon concept de 3R-SABA synthétise les besoins fondamentaux du vivant :

  • 3R (qualité de vie et rythme) : Respiration – Régulation – Rythmes
  • SABA (besoins vitaux) : Sommeil – Alimentation – Bouger – Apaiser le corps et l’esprit

Le 3R-SABA entretient le métabolisme, l’axe intestin-cerveau et la régulation neurophysiologique. Il prépare le corps à accueillir la bienveillance et à maintenir la porte neurophysiologique ouverte.

Ce concept est présenté dans la page 3R-SABA : Nourrir les racines de la Bienveillance


Le Cocon de la Bienveillance

Le cocon est un dispositif vivant de sécurité, agissant sur trois dimensions de la neuroception (concept de la Théorie Polyvagale) :

  1. Sécurité intérieure : corps et émotions régulés, charges physiologiques et émotionnelles apaisées
  2. Sécurité de l’environnement : cadre clair, repères stables, rythmes soutenables
  3. Sécurité relationnelle : ton de voix, posture, cohérence, respect, écoute, douceur et fermeté

Auto-régulation et co-régulation

L’auto-régulation désigne la capacité de chacun à ajuster ses propres états internes.

La co-régulation désigne la manière dont les individus s’influencent mutuellement pour stabiliser les états émotionnels.

La bienveillance émerge dans une relation ou dans un collectif de la synergie de ces deux dynamiques, dans un environnement sûr et bienveillant.

La porte neurophysiologique

Lorsque la sécurité domine dans les trois dimensions, la porte neurophysiologique s’ouvre : le Système Nerveux Autonome (SNA), dans son état de connexion (activité du nerf vague ventral) devient disponible pour l’empathie, le discernement, l’engagement juste et la coopération. 

C'est l'un des enseignements fondamentaux de la Théorie Polyvagale pour comprendre la primauté de la dimension neurophysiologique pour l'accès à la bienveillance à un instant donné.

La bienveillance devient alors biologiquement accessible, non comme un effort moral, mais comme une expression naturelle du vivant.

Les 3 états de base de la théorie polyvagale

Ils sont présentés succinctement dans le tableau ci-dessous :

État du SNA

Rôle Biologique

Conséquence Relationnelle

Vagal Ventral (Sécurité)

L'état optimal de connexion et de calme (frein sur le cœur). Système d'engagement social activé.

Compétence Bienveillante : Capacité d'écoute, de co-régulation, d'empathie et d'ouverture. Etat favorisé par le 3R-SABA. C'est ce que cherche à induire collectivement le Cocon de la Bienveillance

Sympathique (Mobilisation)

Réponse de lutte ou de fuite (accélérateur). Augmentation du rythme cardiaque, tension musculaire.

Pose problème quand il devient l'état dominant

Accroc de Bienveillance : Réactivité, colère, argumentation excessive, besoin de contrôle.

Vagal Dorsal (Immobilisation)

Réponse de figement ou de dissociation (dernier recours). Ralentissement extrême, sensation d'effondrement.

Pose problème quand il devient dominant, suite à un trauma ou à une station trop longue dans l'état de mobilisation.

Absence de Bienveillance : Retrait, isolement, difficulté à interagir, incapacité à lier la parole et le geste.

La porte neurophysiologique ouverte en état vagal ventral donne accès à nos ressources éthiques, posturales, capacitantes et aux dynamiques vivantes et régénératives de la bienveillance qui constituent les niveaux 2 à 5 des fondements du Hêtre de la Bienveillance, dans la Forêt.

Plus de détails sur une compréhension des enjeux neurophysiologiques de la bienveillance dans la page La Bienveillance : un voyage polyvagal en 3 étapes d'un cercle vertueux.



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