Dans l'article Problème DE bienveillance et AVEC la bienveillance que j'ai écrit à l'occasion de la création de ce blog, j'ai évoqué que le concept de bienveillance est malheureusement relativement inopérant dans notre société.
Il m'a semblé utile en 2025 de compiler les "griefs" que l'on peut faire - quelques fois légitimement - à la bienveillance et la vision étroite et biaisé qu'on lui porte et en leur faisant face les arguments d'une vision large, inclusive et transformatrice.
Je le fais à travers 5 aspects :
- La nature et l'essence de la bienveillance
- Le champ d'application et des dimensions
- Le degré d'exigence et de difficulté
- La gestion des désaccords et des émotions
- Les dimensions juridique, sociale et sociétale
Voici un schéma général :
Vision étroite ou biaisée de la
bienveillance |
La bienveillance selon une Société et
des Territoires de la Bienveillance |
Nature et essence de la bienveillance |
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Ce serait un but,
un objectif, une destination |
C’est un cheminement,
un guide de tout instant. |
Ce serait un trait
de caractère |
Chaque rencontre entre une
situation donnée et un individu ou un collectif donné est l’opportunité de
jouer la bienveillance |
Ce serait seulement
une disposition |
C’est une
disposition ET une conduite, deux aspects indissociables |
Elle se
limiterait à l’intention ne pas faire de mal, à un pacte de non-agression |
C’est 1/faire
du bien, 2/ne pas faire de mal et 3/ signaler, faire face et réparer le mal |
Elle ne serait
qu’affichage, une déclaration de principe et les actes qui ne suivent
pas, voire sont à l’inverse |
Elle est
attentive à l’alignement, à la cohérence
entre ce que l’on pense, ce que l’on dit et ce que l’on fait, entre le
POURQUOI, le COMMENT et le QUOI, individuellement et collectivement |
Elle n’engagerait
à rien |
Elle investit
les principaux enjeux de notre société d’aujourd’hui et de demain |
Elle serait universelle |
Elle est universelle
ET en même temps, il y a des différences culturelles et des curseurs qui
varient individuellement et collectivement |
Vision étroite ou biaisée de la
bienveillance |
La bienveillance selon une Société et
des Territoires de la Bienveillance |
Champ d'application et dimensions |
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Elle serait sélective,
exclusive, excluante (ex : je suis bienveillant-e
uniquement avec mes proches) |
Elle est large
et inclusive |
Elle se
limiterait aux interactions entre deux personnes |
Elle balaye
toutes les strates de la société, collectifs, communautés, écosystèmes,
humains et autres qu'humains |
Cela ne
concernerait que les actes relevant de l’altruisme |
Elle traverse tous
les actes du quotidien, y compris les échanges commerciaux |
Elle serait tournée
uniquement vers autrui |
Elle s’investit
autour de 4 dimensions
indissociables (Moi-Je, Toi et Moi, Moi dans des Nous, et Vous en
Moi) |
Certaines
personnes seraient trop bienveillantes. Elles en feraient beaucoup
trop. |
C’est un équilibre
à chercher entre ces 4 dimensions indissociables |
Elle
nécessiterait l’oubli de soi |
La bienveillance
à soi-même fait partie intégrante, voire mérite de constituer une condition
préalable pour éviter le surengagement et l’épuisement qui serait
perdant-perdant |
Elle serait circonstancielle,
activable dans des situations particulières |
Elle guide au
quotidien suivant un processus en 6
verbes : observer, penser, ressentir, s’exprimer, décider, agir |
Elle serait binaire :
bienveillance ou malveillance |
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Elle serait à sens
unique et ne devrait rien attendre en retour |
Elle intègre
systématiquement un certain niveau de réciprocité, variable selon le
type de relation |
Elle serait au
contraire de l’ordre du donnant-donnant |
Elle n’est surtout
pas comptable. |
Elle sentirait
mauvais la condescendance : on demande la bienveillance d’une
autorité |
Elle est respectueuse
de toutes les parties prenantes |
Dans les
relations asymétriques (parent-enfant,
enseignant-élève, soignant-patient, chef-subordonné, …) elle serait par
essence à sens unique |
Elle se conçoit
en cultivant une réciprocité non comptable, y compris dans les relations
asymétriques |
Ce serait trouver
forcément une solution à une personne qui a un problème, avec le cas
échéant un inconfort à ne pas en trouver ou à en trouver sans qu’elle soit
retenue |
Elle est en
premier lieu empathie, qui en tant que telle, apporte un bienfait. Fournir une
solution, n’est pas forcément la demande de l’autre. L’autre doit
rester tant que faire se peut l’acteur principal |
Vision étroite ou biaisée de la
bienveillance |
La bienveillance selon une Société et
des Territoires de la Bienveillance |
Degré d'exigence et de difficulté |
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Elle serait complaisante |
Elle est exigeante
ET indulgente |
Ce serait un signe
de faiblesse |
C’est une force
sereine et déterminée |
Ce serait un manque
de courage |
Elle nécessite au
contraire du courage, notamment pour signaler, faire face et réparer le mal |
Il s’agirait de faire
plaisir … à tout prix |
C’est faire
du/le bien, ce qui n’a absolument rien à voir et nécessite de savoir
aussi dire Non |
Ce serait tomber
dans la facilité |
La facilité
conduit plutôt à la malveillance et l’absence de bienveillance. La
bienveillance est exigeante : elle nécessite du temps, de l’attention,
de l’énergie, des efforts. |
Vision étroite ou biaisée de la
bienveillance |
La bienveillance selon une Société et
des Territoires de la Bienveillance |
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La bienveillance efficace |
Elle serait bisounours
et non pragmatique |
Elle est ancrée
dans le réel et antidote au cynisme |
On devrait s’interdire
de dire NON, de dire des vérités qui fâchent |
Elle est respectueuse
et assertive (affirmation de soi), et est un guide pour confronter
des situations de désaccord |
Elle se
traduirait par une tolérance sans limite |
Elle n’est
pas tolérante avec ce qui est intolérable. Elle engage à signaler,
faire face avec bienveillance (sans violence) et réparer ce qui relève de
l’intolérable |
Elle serait castratrice
d’émotions inconfortables (particulièrement, on n’aurait pas le droit
d’être en colère) |
Elle nous
connecte à nos émotions, nous permet de les relier à nos pensées
et elle peut guider dans la gestion des inévitables tensions pour prévenir
les conflits |
Elle serait intrusive :
on conçoit mon bien sans me demander mon avis |
Elle respecte
le libre-arbitre et s’appuie sur l’empathie |
Vision étroite ou biaisée de la
bienveillance |
La bienveillance selon une Société et
des Territoires de la Bienveillance |
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Un concept abstrait |
Ciment de la cohésion sociale |
La bienveillance
ne se traduirait pas juridiquement |
2 exemples de
traduction juridique : 1/ Les
entreprises ont une obligation de préserver la santé des salariés ;
cela relève de la responsabilité pénale du dirigeant 2/ la
non-assistance à personne en danger ; cette forme d’absence de
bienveillance constitue un délit sanctionnable sur les plans pénal et civil
(peine principale de 5 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende) |
Ce serait une mode
castratrice, un bien-pensant que certains veulent imposer pour tuer la
liberté d’expression et de manifestation des désaccords |
Elle peut être
le ciment de la cohésion d’une société où la liberté de chaque partie
prenante s’arrête là où commence celle des autres |
Ce serait un
truc de plus pour essayer d’émasculer notre société |
Elle cherche
à mettre fin aux conséquences désastreuses du patriarcat (exploitation
des individus et de la nature sans considération ni limites) |
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