- la définition de la Qualité de Vie au Travail de Gilles Dupuis et Jean-Pierre Martel (2004)
- le livre The Progress Principle de Theresa Amabile et Steven Kramer
- le livre Le miracle Spinoza de Frédéric Lenoir
A partir de maintenant dans cette page, j'utilise sciemment la première personne du singulier pour faciliter l'appropriation par la lectrice/le lecteur. Ce faisant, je prends le parti de responsabiliser l'individu en première intention, tout en mettant en évidence le rôle des collectifs de travail pour penser cet enjeu autour des progrès et pour l'intégrer dans son fonctionnement. Il y a donc en filigrane l'idée de juste articulation des responsabilités à laquelle je tiens énormément. Je reprends la numérotation du schéma ci-dessus.
Pour avoir le sentiment de progresser, sentiment qui contribue fortement à mon bien-être psychique, je peux cumuler un certain nombre de facteurs facilitant. Certains sont de mon ressort, d'autres pas directement, mais je peux essayer de les stimuler.
En commençant par moi :
1/ Me mettre dans un affect positif, et particulièrement la joie. Si je suis plutôt dans un affect négatif (peur, colère, tristesse), j'ai tout intérêt à essayer de basculer dans un affect positif, tel que je l'ai évoqué dans ma chronique précédente. Il y a une deuxième dimension : la confiance en mes moyens et dans la faisabilité des objectifs ("J'ai bon espoir d'y arriver"). Comme pour l'enjeu de bascule dans la joie, il y a aussi le "travail" cognitif que je peux faire pour aborder objectivement l'action, à la fois par rapport aux moyens dont je dispose, et de la réelle difficulté de l'objectif de l'action. Le piège étant de tomber dans de la pensée positive exagérée (méthode Coué) me faisant considérer ma seule responsabilité et balayer d'un revers de main les problèmes. En effet, car si je sens qu'il me manque des moyens, du soutien, je peux signaler un besoin au collectif auquel j'appartiens (collectif de travail, famille, ...) (cf 3 ou 4) ou demander de l'aide à une personne ou des personnes individuellement (cf 5 ou 6). Il est bien entendu que quand on a tiré N fois la sonnette d'alarme sans aucune réaction, on n'a pas forcément envie de le faire une nouvelle fois.
2/ Me donner les moyens de mes ambitions. Je peux donc me préparer à l'action, en la planifiant, en vérifiant que je suis bien équipé pour la mener et pouvoir avancer suffisamment sereinement avec le sentiment de progresser.
Ensuite, il y a la contribution de mon collectif de travail :
3/ Mon collectif peut me faciliter les choses en m'équipant correctement, en m'apportant un appui méthodologique. Si c'est lui qui fixe l'objectif de l'action, il va grandement m'aider en m'associant à la construction de l'objectif et aux éventuelles régulations nécessaires, en tant que collectif bienveillant et dans la conscience de son rôle de bienveillance. S'il ne l'est pas - autant -, il est de ma responsabilité de signaler mes tensions. La sienne étant alors d'accuser réception et d'essayer de répondre à mes besoins, et de préférence en m'associant et non en m'infantilisant. Ce sont des actes délibérés de mon collectif facilitant mon action ("facteurs catalyseurs", selon le Principe de Progrès). Penser les facteurs catalyseurs, c'est aussi analyser à l'inverse les facteurs inhibiteurs (selon le Principe de Progrès) et les réduire : tout ce qui m'empêche et me freine, y compris les petites choses qui agacent au quotidien (image du petit caillou dans la chaussure).
4/ Mon collectif peut aussi me soutenir, m'encourager, m'écouter, me comprendre, me montrer tous les signes que je lui suis précieux, que ce que je suis, ce que je fais, l'énergie que je donne sont appréciés. Si ce n'est pas le cas, il est de ma responsabilité de signaler mes besoins en la matière. Des gestes de soutien à mon égard qui ne sont peut-être pas prodigués par manque de temps et non par malveillance à mon égard. Tout ce qui peut être fait par mon collectif en la matière constitue l'attention et le soutien moral qu'on m'apporte ("facteurs nourriciers", selon le Principe de Progrès). Penser les facteurs nourriciers, c'est aussi analyser à l'inverse les "toxines" (selon le Principe de Progrès) et les réduire : tous les propos, les gestes qui sont - perçus - malveillants.
La juste contribution de mon collectif relève en première intention d'une politique ambitieuse de Qualité de Vie au Travail (QVT), en lien avec les parties prenantes (individus au travail, clients, fournisseurs, partenaires). Elle se conjugue avec une gestion des tensions permettant à tout à chacun d'exprimer une tension, d'être écouté et de voir sa tension prise au sérieux et investie en vue de sa résolution.
Il y a également la contribution de personnes individuellement (voire à plusieurs sans pour autant représenter un collectif) :
5/ Il s'agit de l'équivalent du point 3, à un niveau individuel : un acte délibéré d'une ou plusieurs personnes facilitant mon action (constituant aussi des facteurs catalyseurs). Ce peut être une aide méthodologique, la prise en charge d'une partie de l'action, le prêt d'un équipement qui serait plus efficace que le mien, ... L'aide peut provenir éventuellement d'un pair extérieur au collectif (ex : camarade de promotion)
6/ Il s'agit maintenant de l'équivalent du point 4, à un niveau individuel : l'attention et le soutien moral d'une ou plusieurs personnes (facteurs nourriciers). A noter que ces personnes peuvent être extérieures au collectif de travail (famille, amis, camarades de promotion, ...)
Ensuite, il y a ma conscience de ce en quoi on me facilite les choses, et de ses suites :
Enfin, il y a la conscience des progrès réalisés, et de ses suites :
- le feedback positif (carrément positif, ou constructif dont il faut savoir apprécier la substantifique moëlle) ;
- l'absence de feedback, souvent due au manque de temps et/ou à l'absence de conscience de l'importance de faire vivre suffisamment de feedbacks positifs (notion de ligne de Losada cf mon article Nourrir en retour) ;
- le feedback négatif qui peut-être d'autant plus destructeur quand il s'attaque à moi ("Tu es nul·le !") dans mon être (critique inconditionnelle) et non pas à l'action ("Ton projet est en retard !") (critique conditionnelle).
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