vendredi 8 avril 2022

Tirons des fils de l'empathie en lien avec la bienveillance - Partie 3

 


Télécharger la version pdf de la carte mentale résumant cet article en 3 parties.

Je finis de tirer des fils autour de l'idée d'empathie en lien avec la bienveillance, sujet auquel j'ai consacré ce blog autourdelabienveillance.fr (cf Partie 1 et Partie 2).

L'empathie peut-elle être malveillante ?

L'empathie n'est pas toujours dirigée dans un but bienveillant. Et c'est tout l'intérêt d'inscrire l'empathie dans un objectif de veiller sur l'autre et de lui porter soin si possible/nécessaire.


Parce que l'empathie peut s'avérer négative, et notamment par les personnes manipulatrices, les perverses narcissiques, les psychopathes qui ont une capacité très grande à comprendre la façon de penser, les émotions et les comportements d'autrui pour s'en servir à leur seul profit, et éventuellement dans une logique de dévalorisation, de soumission, de destruction de l'autre.


Attention aux fakes news, méconnaissances et aux risques de négationnisme

Depuis la montée en puissance des réseaux sociaux ces dernières années, je suis inquiet comme d'autres de la montée des positions radicales, des intégrismes, des visions et comportement de discrimination, de l'irrespect, des insultes, de la "cancel culture".

Les premiers signes très visibles me sont apparus avec ce qui a abouti à l'élection de Donald Trump. Avec l'arrivée du Covid, une bipolarisation s'est développée avec des positions radicales de part et d'autre.

J'ai été sidéré récemment de constater qu'une partie de la population en France (à quantifier) reprend des éléments de la propagande du pouvoir russe sur les crimes de guerre en Ukraine (après avoir justifié l'intervention russe sous prétexte que Poutine pouvait se sentir légitimement menacé par une perspective d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN). Des fakes news allant de la mise en scène de faux morts jusqu'à inverser les rôles : ce serait le pouvoir ukrainien qui aurait commis ces crimes pour incriminer le pouvoir russe. Des raisonnements qui conduisent inévitablement à nier globalement la nécessité qu'il y a à apporter de l'aide à la population, à accueillir celles et ceux qui en font la demande.

Les fakes news, les dynamiques complotistes, le négationnisme sont inquiétants car ils annihilent les capacités d'empathie de l'individu ou les réservent exclusivement à celles et ceux qui font partie du même clan. Non seulement, elles les annihilent, mais elles risquent de faire tomber dans la malveillance et la maltraitance selon la logique on peut/doit faire du mal à celles et ceux qui représentent le mal ou qui ne sont pas dans les bonnes cases.


La Théorie U à la rescousse

Je me suis intéressé à la Théorie U conçue par Otto Scharmer il y a quelques années. J'en ai rapporté notamment 3 "carnets de voyage" sur mon autre blog lesverbesdubonheur.fr (Partie 1Partie 2Partie 3). La Théorie U explicite justement un voyage, un cheminement pour faire émerger de nouvelles façons de faire en partant de la compréhension de la situation et du modèle dans lequel nous vivons.

Voici un schéma représentant ce cheminement :


On voit que ce cheminement se heurte à des freins : d'abord le PFT (Putain de Facteur Temps), puis les habitudes, le jugement, le cynisme et l'égocentrisme, et la peur et l'impuissance.

Une empathie bienveillante déterminée essaye de faire face à ces freins en mettant en marche nos capacité d'ouverture d'esprit (esprit ouvert), de sensibilité (cœur ouvert) et de volonté.


La joie catalyseur de la volonté

J'ai évoqué la volonté comme levier dans la section précédente sur la Théorie U. Pour prolonger cet aspect, voici une autre source d'inspiration : le livre Le miracle Spinoza de Frédéric Lenoir, et particulièrement l'extrait suivant :

« Ces sentiments positifs pourront susciter en elle (la personne) un nouveau désir, lequel mobilisera sa volonté pour lui donner la force de suivre sa raison » (page 208 de l'édition de 2019)

Ce qui m'a fait concevoir le schéma suivant :


On voit ici que la joie conduit à la raison en créant du désir puis en mobilisant la volonté. Ce schéma met en évidence inversement le risque d'un cercle vicieux basé sur les pensées négatives (notamment le ressentiment et le jugement facile ou radical) et les émotions négatives. La capacité à passer d'un affect négatif à la joie est primordiale pour que la raison reprenne la main et construise et cultive un cercle vertueux où le cortex préfrontal est aux commandes. (cf la chronique Y'a d'la joie dans la bienveillance !)
Cet enjeu de la joie est présent à la fois pour activer l'empathie (plutôt que motivé par le devoir) et pour aider l'autre à cheminer vers un affect positif s'il est bloqué sur des affects négatifs, sur des ruminations et que la situation comporte des aspects positifs à apprécier ou/et des opportunités de l'améliorer.

La combinaison gagnante : Bienveillance ET Humilité

Sans humilité, on peut tomber dans le piège de vouloir régler le problème d'autrui et en cas d'impossibilité de tomber dans l'impuissance. Le piège est aussi, dans un réflexe de défense, de tomber dans l'insensibilité pour ne pas ressentir l'échec, pour ne pas écorcher son ego.

Au contraire l'humilité permet de poser une première pierre fondamentale : celle de l'écoute, et d'envisager le cas échéant de poser successivement d'autres pierres selon l'écologie de la situation, la volonté de l'autre, ses propres capacités, ses propres disponibilités, celles de l'autre, ...


Cercle vertueux empathie bienveillante Vs cercles vicieux de la malveillance et de l'absence de bienveillance

Je termine par un fil mettant en évidence le caractère vertueux de l'empathie bienveillante et au contraire du caractère vicieux de la malveillance, et aussi de l'absence de bienveillance qui n'a rien de neutre.

Voici un schéma qui décline le cercle vertueux et les deux cercles vicieux :



L'empathie bienveillante crée un cercle vertueux qui fait progresser à la fois les deux personnes et aussi la relation qui les relie : plus on porte attention et on essaye de comprendre l'autre, plus on est amené à pouvoir le soutenir efficacement, plus on le connaît, plus on crée de la proximité, et plus on aura tendance à lui accorder de l'attention.

Inversement, l'empathie malveillante et l'absence d'empathie intentionnelle, crée de la distance, isole et peut mener à justifier le fait de se comporter mal avec lui, de ne pas l'assister quand cela serait nécessaire, voire attendu par la société (par exemple, la non-assistance à personne en danger). 

Et dans le cas d'absence d'empathie par manque de temps, la distance relationnelle pouvant progresser avec l'autre, l'attention à lui porter pèsera de moins en moins lourd, avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir sur la situation objective et subjective de l'autre, notamment quand il fait partie de l'entourage.


Une carte mentale pour résumer

Voici une carte mentale pour résumer les différents fils que j'ai tirés pour cet article :


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