Voici un bref constat en deux points sur ce qui ne va pas selon moi avec la bienveillance actuellement dans notre société. Avant d'en arriver à ces deux points, il est important que je dise que, par ailleurs, il y a aussi des choses qui vont bien en matière de bienveillance, et notamment en période de crise. Pablo Servigne et Gauthier Chapel dans le livre "L'entraide, l'autre loi de la jungle" expliquent que les êtres vivants sont plus facilement dans la coopération dans les contextes de crise.
Donc, il faut bien considérer un constat préliminaire aux deux autres négatifs que je vais évoquer : la bienveillance dans notre société est très ambivalente, il y a le meilleur comme le pire, sur un spectre très large.
Je me focalise maintenant en quelques mots sur ce qui cloche avec la bienveillance dans le monde d'aujourd'hui
Problème DE bienveillance
Un problème, en réalité, quantité de problèmes qui se voient à l'état inquiétant de notre planète, de ses richesses, les êtres vivants qui y habitent, notamment les êtres humains. Un état largement imputable aux activités humaines et aux comportements individuels des humains. Il n'y a que les climatosceptiques - heureusement pas si nombreux - pour trouver que c'est un état normal, et surtout une évolution normale.
Comme l'illustre l'image du début de cet article, la branche sur laquelle nous sommes assis est en train de céder. Si j'avais un minimum de capacités en dessin, j'aurais fait le même type de dessin avec un personnage qui en même temps tient un flambeau en train de mettre le feu à la branche du dessus, ce qui aurait à la fois l'impact de mettre le feu à l'arbre et de rendre l'équilibre du personnage sur la branche plus instable. Je dis sans ambages ma conviction : nous sommes en train de franchir le cap de l'inquiétant pour basculer vers le catastrophique.
Mon autre conviction, et qui explique aussi pourquoi je mets autant d'énergie dans ce travail de modélisation : Mettre la bienveillance comme enjeu et comme moyen dans toutes les strates de notre société nous permettrait de comprendre et d'agir efficacement face aux enjeux actuels et à venir, sans tomber dans la violence.
Mais encore faut-il savoir de quoi on parle. Et c'est l'objet de mon 2ème constat.
Problème AVEC la bienveillance
Je considère qu'il y a un problème avec le concept de "bienveillance". L'idée de bienveillance est largement inopérante dans la plupart des sphères de vie, et en premier lieu dans le monde du travail qui a été le point de départ de mon travail.
Le mot est à la fois fourre-tout, assimilé à complaisance, miroir aux alouettes (le fameux "Monde des bisounours"), une valeur qui n'est qu'affichage.
On en arrive même à la débaptiser pour revenir à son essence (c'est ce qu'a fait Patrick Tudoret dans son livre "
Petit traité de bénévolence" que je conseille vivement). Quant à moi, ma démarche est plutôt de (re)donner de la substance et des lettres de noblesse à la bienveillance.
En effet, la dégradation de l'état de notre planète, du vivant, de la santé humaine, de pauvreté d'une partie de la population mondiale, des relations humaines et inter-communautés est non seulement causée par des actes malveillants incontestables - et tout de même contestés par certains - mais aussi, et c'est tout aussi grave, par un manque d'attention et d'actes bienveillants, souvent par manque de temps, avec un diktat de l'urgence et du toujours plus, plus vite, plus grand, plus haut et le mot "Excellence" à toutes les sauces. Notre monde souffre beaucoup du déni et du manque d'alignement entre de bonnes intentions et nos actions.
Pour reprendre l'image du début de l'article, nous scions la branche en sifflotant ou alors on reste dessus alors qu'elle craque sous notre poids sans rien faire. Sauf que pour un arbre, on pourra peut-être trouver une autre branche ou un autre arbre, alors que nous n'avons qu'une seule planète, celle qui nous abrite, nous nourrit, nous alimente, nous réchauffe ET nous offre une compagnie essentielle à nous, êtres sociaux.
Un deuxième enjeu tout aussi considérable est d'aborder la bienveillance non pas avec le registre d'une
morale imposée et culpabilisante ("
Il faut ...", "
C'est pas bien ...") mais avec le registre d'une
éthique basée sur la
réflexivité, la joie, la raison, l'humilité et une responsabilité vivifiante et déterminée. Et puis aussi l'intuition profonde de savoir ce qui est bon pour nous et pour nos écosystèmes d'appartenance.
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