Culture autour de la prévention et de la gestion des tensions

Une culture à développer sur plusieurs plans

Enjeu d'homéostasie et rétroaction négative

En écho avec le début de la page Prévention et gestion des tensions voulant dédramatiser les tensions, je propose de considérer les tensions dans le cadre de la recherche d'homéostasie individuellement et dans nos écosystèmes d'appartenanceLa tension pouvant être vue comme le signal d'un déséquilibre qu'il faut réguler pour revenir à l'état d'équilibre.

En ce sens, la tension doit faire l'objet d'une rétroaction négative permettant de diminuer le déséquilibre jusqu'à revenir au point d'équilibre. Un déficit d'écoute de la tension (tension vue comme signal de déséquilibre) ou un déficit de rétroaction négative (voire une rétroaction positive - éloignant encore plus de l'équilibre) prolonge ou aggrave le déséquilibre.

Ressortent donc trois dynamiques importantes : le signalement, la détection et la régulation des tensions. Des dynamiques de bienveillance qui méritent d'être pensées, mises en œuvre et cultivées dans tous nos écosystèmes vivants, dans toutes nos sphères de vie, dans toutes nos organisations et dans nos relations.

Le quadriptyque prévenir/signaler/détecter/traiter

Il s'agit donc de dédramatiser, de faciliter l'expression des tensions, leur détection et leur régulation.

Et en même temps, il s'agit de les prévenir pour ne pas crouler sous les tensions, notamment celles qui sont évitables. 

On voit donc un double objectif : limiter le nombre et l'intensité des tensions, et faciliter l'expression, la détection et la régulation de celles qui existent inévitablement. Une quadruple dynamique prévention/signalement/détection/traitement que l'on retrouve sur beaucoup de sujets de société, notamment la santé, la qualité, les violences, ... L'enjeu étant d'investir suffisamment dans la prévention, ce qui passe pour la question des tensions par un travail :
  • pour les tensions intrapersonnelles : sur les croyances sur soi-même, l'acceptation de soi, l'estime de soi, la gestion des émotions, ...
  • pour les tensions interpersonnelles : sur les postures, notamment pour accepter et valoriser la différence des points de vue, des compétences, ...
  • pour les tensions liées à l'efficacité (faire ce qu'on avait prévu de faire) : sur le bon calibrage dans la fixation des objectifs par rapport aux moyens, et sur les modes de prises de décision (plus une décision prise est éloignée du terrain, plus le risque est grand de tensions liées à son non réalisme) ; il s'agit de notamment de prendre en considération toutes les parties prenantes internes et externes pour limiter les tensions en interne et avec l'extérieur
  • pour les tensions liées à un sentiment confus de mal-être : sur le processus d'intégration (pour assurer un alignement suffisamment entre la raison d'être de l'individu et la raison d'être du collectif) et sur l'évolution des aspirations et attentes de l'individu au sein d'un écosystème vivant.
  • pour les tensions d'opportunité : sur le développement d'une culture de la prise d'initiative, d'expérimentation, de droit à l'erreur, de raison d'être évolutive, d'apprentissage, d'évolution professionnelle, ...

Quand une tension survient, il ne s'agit pas seulement qu'elle soit identifiée par la personne ou le collectif qui la porte, puis qu'elle soit exprimée ; il faut qu'aussitôt que possible elle soit traitée, sinon l'effet sera contre-productif et l'expression se tarira. Un peu comme si vous levez le doigt à plusieurs reprises pour signaler un problème, et faute qu'on ne vous voit pas ou qu'on ne vous prenne pas vraiment au sérieux, vous ne lèverez plus le doigt au bout d'un moment, passant d'un mode actif à un mode passif, éventuellement teinté d'impuissance.

Un changement culturel qui va de pair avec une évolution du fonctionnement du collectif en interne et en externe. Il s'agit donc de mettre en place des processus, des mécanismes pour détecter, faciliter l'expression et traiter les tensions.

La prévention, le signalement, la détection et le traitement des tensions constituent un des enjeux centraux d'une Société et de Territoires de la Bienveillance. La relation est aussi inverse : une attitude bienveillance facilite ce quadriptyque autour des tensions.

Signalement et attachement

Dans le quadriptyque évoqué précédemment, je veux insister sur une dynamique qui est souvent sous-investie parce qu'elle fait peur : la peur d'ouvrir la boite de Pandore. Faciliter le signalement ferait ouvrir le robinet des plaintes pour tout et pour rien. Seulement à force de réfréner l'expression des tensions (soit par la peur exercée soit par le déni), c'est bien souvent à la situation inverse que l'on arrive : une chape de plomb qui crée déséquilibres, mauvaise ambiance, manque de confiance, désengagement, amertume, ...
Et s'il l'on revenait aux basiques : aux mécanismes au plus jeune âge qui font s'exprimer le bébé quand il se sent en inconfort (faim, soif, peur, douleur, couche à changer, ...). La théorie de l’Attachement (John Bowlby) d’un bébé à ses parents identifie deux types de séquence dans les comportements :
  • Des comportements de signalement d’un besoin
  • Des comportements de rapprochement à l'initiative de l'un ou l'autre dans la relation, en particulier de la personne destinataire du signalement
Pour qu'un lien d'attachement soit sécure, cela suppose que les 3 éléments de la séquence suivante soient fonctionnels :
  • identification de son propre besoin par la personne (initialement, pour la théorie de l'attachement qui s'intéresse au lien bébé-personne qui prend soin de lui, c'est le bébé)
  • bon comportement de signalement (communication claire et transparente du besoin à l'autre (couple, amical, professionnel, ...); initialement, c'est le bébé)
  • accusé réception du récepteur du signalement et comportement adapté pour aider la personne à répondre à son besoin (à l'origine, c'est la personne ou les personnes qui prend/prennent soin du bébé)
Faire référence à la théorie de l'attachement permet de mettre clairement en enjeu du signalement d'une tension : la contribution à renforcer les liens, les relations, à autrui et l'appartenance aux écosystèmes dans lesquels les tensions se jouent. Autrement dit : une bonne culture de signalement/détection/traitement des tensions renforce notre relation au monde, à nos écosystèmes d'appartenance et aux humains et autres qu'humains.

Des marches pour prévenir les tensions

Nos sociétés sont en perpétuels mouvement avec un enjeu contemporain global de transitionS au pluriel du fait de l'emballement climatique, de la perte de biodiversité, de surexploitation des ressources de la nature, de pollution, ... Un cheminement que je vois aussi comme un cheminement de la Bienveillance envers la planète, le vivant en général, les êtres humains, les écosystèmes.

Un cheminement dans lequel il me semble important de considérer des marches. Chaque marche nécessitant de l'énergie, du temps, de la volonté, de l'envie. La conscientisation de la marche sur laquelle on se trouve permet de minimiser les tensions à vouloir forcer le passage d'une marche à la suivante, voire le passage d'une marche en sautant une ou plusieurs marches.




La première marche mérite d'être décomposée elle-même en 3 marches. 



Ressort de ce schéma l'enjeu de la lucidité. Une lucidité vue comme posture, attitude qui doit être conjuguée avec des dynamiques autour de la connaissance et l'apprentissage : partage de savoirs, soif d'apprendre, curiosité, développement de l'esprit critique, croisement de regards, acceptation et valorisation de la pluralité des points de vue, ...

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