mercredi 26 janvier 2022

La bienveillance par l'éthique plus que par la morale

 


Je propose ici dans un premier temps de préciser ce que j'entend avec les mots “morale” et “éthique”, d’autant plus que pour une partie de la population, y compris parmi les penseurs, “morale” et “éthique” signifient la même chose. De mon côté, je me rapproche des penseurs qui les distinguent ainsi :


  • avec la morale, on juge et on prescrit. On juge en bien ou mal, en juste ou injuste. On prescrit en utilisant principalement les verbes "falloir" (il faut, il ne faut pas) ou "devoir" (tu dois, tu ne dois pas). Il y a donc d’un côté ce qu’il faut faire, et de l’autre ce qu’il ne faut pas faire, et qui peut être sanctionnable à travers le droit. La morale pouvant avoir une origine religieuse avec des injonctions pas forcément hiérarchisées. Par exemple, on peut trouver sur le même plan, ne pas tuer et ne pas céder à la tentation de la gourmandise. Par ailleurs, elle peut viser un idéal ("tu aimerais ton prochain comme toi-même"), mais aussi faire référence à des limites très précises à ne pas dépasser ("Tu ne tueras point"). Il existe une connotation négative du mot “morale”, notamment dans l’expression “faire la morale” qui est rarement agréable à recevoir. Un des enjeux d’efficacité et de bienveillance étant de substituer les leçons de morale par des questionnements éthiques
  • avec l’éthique, on est plus dans le domaine de la réflexion et de la détermination des actions en conscience et dans la responsabilité, que dans celle de l’obligation. Une réflexion qui revisite, contextualise la morale. On raisonne plutôt en bon/mauvais, positif/négatif et en recherche du gagnant/gagnant. En y mettant mon grain de sel personnel : je vois aussi la nuance intégrée dans l’éthique et un refus de rester dans une vision binaire des choses. Il ne s’agit pas de savoir si c’est bien ou mal, mais en quoi cela pourrait être plus ou moins bon ET aussi plus ou moins mauvais (la balance avantages/inconvénients) pour chacune des parties prenantes. 

Et en ce sens, ma vision de la bienveillance est bien plus éthique que morale. Elle ne prescrit pas, et encore moins, prescrire la même conduite à tout individu et en toutes circonstances, ou éventuellement par type de situation. Elle ne cherche pas à culpabiliser.

La bienveillance fait à chaque instant de la rencontre singulière entre un individu (ou un collectif) donné et une situation donnée une opportunité de construire et cultiver une relation pérenne sur une base coopérative qui pourrait être bonne (sans certitude du résultat) pour lui et pour toutes les parties prenantes à recenser, dans une approche gagnant-gagnant. 

Et comme il est difficile de concrétiser l’aspect gagnant-gagnant, c’est la réflexion, la discussion, l’écoute, le débat, la codécision qui conduisent à tenter de faire aux mieux de ce que l’individu (le collectif) est capable de faire, compte tenu de ce qu’il a pu recueillir comme connaissance de la réalité de la situation, des perceptions et des aspirations et attentes de chaque partie prenante. 

C'est une conjonction entre l'humilité et la détermination d'actions en conscience. Et en ce sens, l'éthique conduit à s'inscrire dans des objectifs raisonnables/tenables selon les principes "Rien de trop !" ou "Le mieux est l'ennemi du bien", et basé sur la connaissance ("Connais-toi toi-même ... et tes écosystèmes d'appartenance") et l'attention.

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